Dans le cadre d’une collaboration étroite, trois équipes travaillant dans le domaine de la tuberculose appartenant au CNRS (EIPL, équipe Stéphane Canaan), à l’INSERM (DIMNP, équipe Laurent Kremer), au CHU de Montpellier (équipe Edouard Tuaillon) et la société Bio-Rad, ont identifié de nouveaux antigènes de M. tuberculosis présentant un intérêt dans le cadre du développement de nouveaux tests sérologiques dans le diagnostic des formes actives de la tuberculose.
Ce travail a été réalisé sur des sera provenant de 205 patients dont 50 personnes vivants en France présentant une tuberculose latente, 50 personnes vivants en France non infectés par le germe la tuberculose, 62 patients vivant en Pologne et 43 patients vivant en France ayant une tuberculose active déclarée. Les chercheurs ont pu montrer que des enzymes lipolytiques de M. tuberculosis (LipY, Rv0183, Rv1984c et Rv3452) sont capables d’induire une forte réponse humorale spécifique, principalement de type IgG, chez les individus atteints de tuberculose active. Parmi ces quatre marqueurs, la protéine Rv3452 permet d’obtenir les meilleures performances avec des spécificités allant de 94% à 96% et des sensibilités allant de 81.4% à 96.7% selon les populations étudiées. Ces résultats sont d’autant plus intéressants que 87% des patients présentant un examen direct négatif au microscope sont également détectés avec ce test. Ce dernier permet également de distinguer les patients avec une tuberculose active des individus infectés de manière latente puisque dans ce dernier cas la sérologie demeure négative. En revanche, ce test ne permet pas de distinguer les individus infectés de manière latente des individus sains. La discrimination des formes actives et latentes est particulièrement recherchée et représente la grande limite des kits commerciaux QuantiFERON® ou T-SPOT.TB® actuellement disponibles. Avec une sensibilité supérieure à 80% et une spécificité supérieure à 95%, le test basé sur la protéine Rv3452 présenterait des performances en accord avec les critères exigés par l’Organisation Mondiale de la Santé pour pouvoir remplacer la culture qui est actuellement le seul test de référence.
Ces antigènes représentent donc un véritable intérêt diagnostique et pourraient permettre une adaptation rapide des traitements qui doivent être mis en place. Toutefois, une étude prospective basée sur un plus grand nombre d’échantillons doit être réalisée pour valider l’utilisation de ces biomarqueurs pour le développement de nouveaux kits capable de détecter les formes actives de la maladie en comparaison avec des kits commerciaux pour lesquels plusieurs études sont disponibles.
En savoir plus :
Mycobacterium tuberculosis lipolytic enzymes as potential biomarkers for the diagnosis of active tuberculosis. Belinda Brust, Mélanie Lecoufle, Edouard Tuaillon, Luc Dedieu, Stéphane Canaan, Viviane Valverde, Laurent Kremer. PLoS One. 2011;6(9):e25078.
Article relié : LipC (Rv0220) Is an Immunogenic Cell Surface Esterase of Mycobacterium tuberculosis. Shen G, Singh K, Chandra D, Serveau-Avesque C, Maurin D, Canaan S, Singla R, Behera D, Laal S. Infect Immun. 2012 Jan;80(1):243-53. Epub 2011 Oct 28.
Contact chercheur :
Stéphane Canaan,
Enzymologie Interfaciale et de Physiologie de la Lipolyse (EIPL)
UMR7282 CNRS
31 Chemin Joseph Aiguier
13402 Marseille Cedex 20